La jeune athlète britannique Innes FitzGerald, surnommée la « Greta Thunberg du sport », bouscule le monde de l’athlétisme avec son talent exceptionnel et ses convictions environnementales inébranlables. À seulement 19 ans, cette prodige de la course à pied collectionne déjà les records tout en refusant certaines compétitions internationales pour ne pas prendre l’avion. Entre performances sportives éblouissantes et combat écologique, FitzGerald incarne une nouvelle génération d’athlètes qui conjuguent excellence et responsabilité. Son parcours atypique, débuté sur le tard à 16 ans, et ses positions tranchées sur le climat interpellent le monde sportif et au-delà.
La météorite verte qui révolutionne l’athlétisme mondial
L’ascension d’Innes FitzGerald dans le monde de l’athlétisme est aussi fulgurante que surprenante. Originaire de la campagne du Devon, cette jeune Britannique a pulvérisé le record européen des moins de 20 ans sur 5000 mètres lors du meeting de la Diamond League à Londres, battant au passage la mythique marque de Zola Budd qui tenait depuis 40 ans.
Pourtant, son parcours sort des sentiers battus. Contrairement à la plupart des champions, FitzGerald n’a commencé la course à pied qu’à 16 ans, pendant la pandémie de Covid-19. « Je m’ennuyais pendant le confinement », confie-t-elle avec simplicité à propos de ses débuts. Une fraîcheur qui pourrait expliquer sa progression météorique et son amour intact pour ce sport exigeant.
Sous la houlette du couple Pavey – Gavin l’entraîneur et Jo, quintuple olympienne et championne d’Europe du 10 000 mètres – la jeune athlète a franchi les paliers à une vitesse vertigineuse jusqu’à s’imposer comme l’une des plus grandes promesses de l’athlétisme britannique.
Performance | Temps/Classement | Particularité |
---|---|---|
5000m Diamond League Londres | 14:39:56 | Record européen U20, meilleur que Jo Pavey |
3000m Diamond League Stockholm | Personal Best (3ème place) | Premier podium en Diamond League |
Championnat d’Europe de Cross U20 | Médaille d’or (2024) | Domination de bout en bout |
Ce qui frappe chez FitzGerald, c’est son approche tactique en constante évolution. « J’étais assez naïve au début, je partais trop vite », reconnaît-elle. Désormais, elle préfère souvent démarrer prudemment en queue de peloton pour remonter progressivement ses adversaires, une stratégie qui s’avère redoutablement efficace et qui déstabilise la concurrence.
L’humilité reste pourtant sa marque de fabrique. Lorsqu’on lui fait remarquer qu’elle a battu le record de sa propre coach, Jo Pavey, elle tempère immédiatement : « Je dois encore m’améliorer pour que ce soit une vraie performance, j’ai l’avantage des ‘super shoes’ actuelles. » Une référence aux chaussures de nouvelle génération qui ont révolutionné les performances en athlétisme ces dernières années.
- Débuts tardifs à 16 ans pendant la pandémie
- Encadrée par des entraîneurs d’élite (couple Pavey)
- Progression fulgurante en moins de 3 ans
- Records pulvérisés malgré son jeune âge
- Ambitions clairement assumées pour les titres mondiaux
Une athlète au profil atypique qui défie les conventions
Ce qui distingue FitzGerald de ses pairs va bien au-delà de ses performances. Issue d’une famille « très peu compétitive » selon ses propres mots, la jeune femme cultive un rapport paradoxal à la compétition. « C’est assez fou que je sois aussi compétitive alors que mes parents ne le sont pas du tout. Ils auraient préféré que je fasse quelque chose près de chez nous », s’amuse-t-elle dans une interview récente.
Étudiante en sciences du sport et de l’exercice, FitzGerald applique ses connaissances théoriques à sa propre pratique, créant une synergie entre son parcours académique et sportif. Cette approche scientifique de l’entraînement lui permet d’optimiser sa progression tout en préservant sa santé.
Son enfance passée à la campagne a forgé sa connexion profonde avec la nature. « Cette relation avec l’environnement a toujours été présente », explique-t-elle, établissant un lien direct entre son parcours personnel et ses engagements écologiques actuels.
Aspect conventionnel | Approche de FitzGerald |
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Débuts précoces (5-8 ans) | Débuts tardifs (16 ans) |
Parents « pousseurs » de performance | Parents non-compétitifs |
Focus exclusif sur les temps/médailles | Équilibre entre performance et valeurs |
Circuits internationaux intensifs | Sélection raisonnée des compétitions |
Malgré ses succès précoces, FitzGerald garde les pieds sur terre. « Je manque souvent de confiance », avoue-t-elle, contrastant avec l’image habituelle des sportifs de haut niveau. Cette fragilité assumée n’entame pourtant en rien ses ambitions : « Je veux une médaille mondiale, que ce soit aux Championnats du Monde ou aux Jeux Olympiques. Et même quand j’y arriverai, je ne m’arrêterai pas. Je veux poursuivre cette carrière aussi longtemps que possible. »
- Parents non-compétitifs qui l’ont presque découragée de courir
- Passion scientifique qui nourrit sa compréhension du sport
- Connexion profonde avec la nature depuis l’enfance
- Approche humble malgré des performances exceptionnelles
- Vision à long terme de sa carrière sportive
L’engagement environnemental qui a secoué le monde sportif
Le surnom de « Greta Thunberg du sport » n’est pas arrivé par hasard. En 2023, FitzGerald a créé l’onde de choc en refusant de participer aux Championnats du monde juniors de cross-country en Australie, refusant de prendre l’avion pour des raisons environnementales.
Dans sa lettre à la fédération britannique d’athlétisme, elle écrivait alors : « Je ne serais jamais à l’aise de prendre l’avion en sachant que des gens pourraient perdre leurs moyens de subsistance, leurs maisons et leurs proches à cause de cela. » Une position radicale qui a divisé le monde sportif mais lui a valu une reconnaissance internationale.
Loin de rejeter cette comparaison avec la militante suédoise, FitzGerald l’assume pleinement : « C’est définitivement un compliment. La façon dont Greta a mobilisé tant d’étudiants est incroyable. Elle avait une voix si puissante. C’est un privilège d’être comparée à elle de quelque façon que ce soit. »
Actions écologiques | Impact sur sa carrière | Réception publique |
---|---|---|
Refus des Mondiaux en Australie | Renonciation à des médailles potentielles | Controverse et admiration |
Participation aux manifestations Extinction Rebellion | Image publique forte mais polarisante | Soutien des militants écologistes |
Promotion des transports alternatifs | Contraintes logistiques supplémentaires | Questionnement des pratiques sportives |
Pourtant, l’évolution de sa carrière l’a placée face à des dilemmes difficiles. Pour participer à certaines compétitions internationales avec l’équipe britannique, elle a dû faire des compromis et prendre l’avion, une situation qu’elle décrit comme génératrice « d’immense culpabilité » et qui la « ronge ».
« Je ne partage pas toujours la même excitation que les autres athlètes parce que je ressens un poids sur mes épaules, sachant que je nuis à l’environnement et que j’affecte ultimement d’autres personnes », confie-t-elle avec une honnêteté désarmante.
- Refus spectaculaire des Mondiaux juniors en Australie
- Participation active aux manifestations d’Extinction Rebellion
- Présence à « The Big One », manifestation de 60 000 personnes à Westminster
- Promotion constante d’alternatives à l’avion
- Plaidoyer pour que les instances dirigeantes repensent leurs calendriers
Un combat pour transformer le sport de l’intérieur
Si FitzGerald a accepté à contrecœur certains compromis, c’est aussi pour utiliser sa notoriété grandissante comme levier de changement. « Nous avons des plateformes importantes, et il est crucial de parler des choses qui nous tiennent à cœur », affirme-t-elle, refusant de considérer la crise climatique comme un sujet controversé.
La jeune athlète ne manque pas d’idées concrètes pour transformer le monde sportif. « Tout le monde est conditionné à prendre l’avion partout. On ne considère pas vraiment d’autres options », déplore-t-elle avant de donner un exemple frappant : « Quand nous sommes allés à Bruxelles pour les Championnats d’Europe de cross-country, tout le monde a pris l’avion. Nous aurions pu prendre l’Eurostar – cela prend à peu près le même temps, voire moins. »
Cette vision d’un sport plus responsable passe selon elle par une refonte des calendriers et une réflexion sur la localisation des compétitions. « J’aimerais que les instances dirigeantes et les décideurs réfléchissent plus largement. Nous n’avons pas à voler partout, il y a d’autres options, et parfois elles sont plus faciles. »
Propositions de réforme | Avantages | Obstacles perçus |
---|---|---|
Regroupement géographique des compétitions | Réduction drastique de l’empreinte carbone | Résistance des calendriers traditionnels |
Utilisation systématique du train en Europe | Temps de trajet comparable, moins stressant | Habitudes des fédérations, logistique |
Championnats continentaux renforcés | Maintien du niveau sans vols intercontinentaux | Pression des sponsors et médias |
Malgré des moments de découragement, FitzGerald reste optimiste quant à la capacité du monde sportif à évoluer : « Si des athlètes de haut niveau s’unissent pour dire ‘voici ce que nous voulons voir se produire’, alors, tant que c’est réaliste, je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas changer le sport. »
Sa stratégie est claire : plus elle accumulera de succès sportifs, plus sa voix portera pour défendre l’environnement. Un cercle vertueux qu’elle assume pleinement et qui pourrait redéfinir le rapport entre sport de haut niveau et engagement sociétal.
- Réforme des calendriers sportifs pour limiter les déplacements
- Promotion systématique du train pour les compétitions européennes
- Sensibilisation des instances dirigeantes aux alternatives à l’avion
- Coalition d’athlètes pour porter un message environnemental
- Utilisation stratégique de sa notoriété croissante
L’équilibre délicat entre ambitions olympiques et convictions écologiques
À l’approche des grands rendez-vous internationaux, FitzGerald navigue dans un équilibre complexe entre ses ambitions sportives et ses convictions environnementales. Elle ne fait pas mystère de ses objectifs : « J’espère participer à d’autres grands championnats et me battre pour des médailles. Je veux une médaille mondiale, que ce soit aux Jeux Olympiques ou aux Championnats du Monde. »
Pourtant, ces objectifs entrent en collision avec ses principes, créant une tension que peu d’athlètes ont à gérer. Ce dilemme moral permanent pourrait être perçu comme un handicap, mais FitzGerald le transforme en force motrice. « Parfois, je me sens désespérée face à la crise climatique, mais le sport me rappelle que l’action collective peut faire bouger les choses. »
La jeune athlète refuse cependant de séparer hermétiquement ses deux identités. Pour elle, l’excellence sportive et l’engagement environnemental doivent converger plutôt que s’opposer, traçant ainsi la voie d’une nouvelle génération d’athlètes pour qui la performance ne peut être dissociée des enjeux sociétaux.
Échéance sportive | Dilemme écologique | Approche envisagée |
---|---|---|
Championnats du monde | Déplacements intercontinentaux | Compenser et sensibiliser |
Circuit Diamond League | Multiples vols intra-européens | Privilégier le train quand possible |
Jeux Olympiques | Événement à forte empreinte carbone | Utiliser la visibilité pour alerter |
Cette position singulière lui vaut parfois des critiques. Certains lui reprochent de n’être pas assez radicale en acceptant finalement de prendre l’avion, quand d’autres estiment qu’elle devrait se concentrer uniquement sur sa carrière sportive. Des critiques qu’elle accueille avec sérénité : « Je comprends ces positions, mais je crois qu’on peut avoir plus d’impact en restant dans le système pour le changer de l’intérieur. »
Sa formation scientifique lui permet d’ailleurs d’aborder ces questions avec rigueur, loin des postures simplistes. « Je m’intéresse beaucoup à la science. Cette motivation pour apprendre m’a aidée à développer mes connaissances et à comprendre les impacts de nos actions humaines sur l’environnement », explique-t-elle, donnant ainsi une profondeur intellectuelle à son engagement.
- Compensation carbone systématique pour ses déplacements inévitables
- Travail avec des ONG pour maximiser l’impact de ses prises de position
- Discussions ouvertes avec ses sponsors sur leurs pratiques environnementales
- Sensibilisation de ses coéquipiers aux alternatives écologiques
- Défense d’une vision du sport compatible avec les défis climatiques
Une nouvelle définition du succès sportif pour 2025 et au-delà
En redéfinissant ce que signifie réussir dans le sport de haut niveau, FitzGerald bouscule les codes établis. Pour elle, les médailles et les records ne suffisent pas si l’obtention de ces succès contribue à dégrader la planète que nous laisserons aux générations futures.
« Le succès n’est pas juste une question de temps ou de médailles », affirme-t-elle. « Il s’agit aussi de l’impact que vous avez et de l’héritage que vous laissez. » Une vision qui résonne particulièrement auprès des jeunes fans qui voient en elle un modèle d’intégrité dans un monde sportif souvent critiqué pour son impact environnemental.
Cette approche holistique du sport pourrait bien préfigurer ce que seront les champions de demain : des athlètes conscients, engagés, qui utilisent leur plateforme pour des causes qui dépassent leur discipline. « Je n’ai jamais voulu être juste une athlète », confie-t-elle. « Je veux que mon passage dans ce sport signifie quelque chose de plus grand. »
Vision traditionnelle du succès | Vision de FitzGerald |
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Accumulation de médailles | Équilibre entre performance et principes |
Records personnels à tout prix | Progression raisonnée et durable |
Carrière internationale sans limites | Sélection réfléchie des compétitions |
Neutralité sur les questions sociétales | Engagement assumé sur les causes importantes |
Ses parents, décrits comme « très peu compétitifs », ont sans doute joué un rôle dans cette vision alternative du sport. « C’est bien qu’ils ne m’aient jamais poussée. La motivation est toujours venue de l’intérieur », explique-t-elle, soulignant l’importance d’une approche intrinsèque plutôt qu’extrinsèque de la performance.
À l’heure où le sport professionnel se trouve de plus en plus confronté aux défis climatiques – événements annulés pour canicule, compétitions hivernales sans neige naturelle, calendriers perturbés par des événements météorologiques extrêmes – la position de FitzGerald pourrait bien passer de marginale à visionnaire dans les années à venir.
- Intégration des enjeux environnementaux dans la définition même du succès
- Refus de dissocier l’athlète de la citoyenne
- Transmission de valeurs aux jeunes générations d’athlètes
- Collaboration avec chercheurs et scientifiques sur l’impact du sport
- Vision d’un sport de haut niveau compatible avec les défis du 21ème siècle